Plan de chapitre

ITEM 203 – Dyspnée aiguë et chronique

ITEM 359 – Détresse et insuffisance respiratoire aiguë du nourisson, de l’enfant et de l’adulte

I. Généralités

II. Stratégie d’exploration en imagerie

III. Sémiologie

– A. Radiographie thoracique

– B. Tomodensitométrie

Situations de départ

  • 160 Détresse respiratoire aiguë.
  • 162 Dyspnée.
  • 178 Demande et prescription raisonnée d’un examen diagnostique.
  • 192 Analyse d’un résultat de gaz du sang.
  • 231 Demande d’un examen d’imagerie.

Items, hiérarchisation des connaissances

ITEM 203 – Dyspnée aiguë et chronique

RangRubriqueIntituléDescriptif
DéfinitionDéfinition de la dyspnée en général et plus particulièrement dyspnée inspiratoire/expiratoire*
Diagnostic positifConnaître l’examen clinique d’un patient présentant une dyspnée*
ÉtiologieConnaître les principales étiologies d’une dyspnée aiguë et leurs signes cliniquesOAP, embolie pulmonaire, crise d’asthme, exacerbation d’une BPCO, pneumopathie, pneumothorax, SDRA, inhalation d’un corps étranger, œdème de Quincke, anémie aiguë
Diagnostic positifConnaître les signes de gravité devant une dyspnée aiguë*Et savoir grader NYHA, MRC
Diagnostic positifConnaître les éléments d’orientation diagnostique face à une dyspnée chronique*
ÉtiologieConnaître les signes d’orientation étiologique*
Examens complémentairesConnaître les examens complémentaires de première intention en fonction du caractère aiguë ou chronique
Examens complémentairesConnaître les examens complémentaires de seconde intention en fonction du caractère aiguë ou chronique
ÉtiologieConnaître les étiologies plus rares d’une dyspnée aiguëPseudo-asthme cardiaque, tamponnade, états de choc, acidose métabolique, hyperthermies, sténoses trachéales, intoxication au CO, pneumocystose
ÉtiologieConnaître les principales étiologies cardiaque et pulmonaire d’une dyspnée chronique*
Suivi et/ou pronosticIdentifier les signes de gravité imposant des décisions thérapeutiques immédiates*
Prise en chargeConnaître les indications des examens radiologiques devant une dyspnée aiguë et chronique
DéfinitionDéfinition de la dyspnée*Bien différencier la dyspnée de la détresse et l’insuffisance respiratoire
Diagnostic positifDyspnée aiguë : éléments d’orientation étiologiques
Identifier une urgenceSignes de gravité accompagnant la dyspnée aiguë*
Examens complémentairesConnaître la stratégie d’exploration en imagerie devant une dyspnée aiguë de l’enfant
Examens complémentairesConnaître les signes indirects sur une radiographie d’un corps étranger bronchique
Contenu multimédiaExemple de radiographie de face dans un contexte de corps étranger  

ITEM 359 – Détresse et insuffisance respiratoire aiguë du nourisson, de l’enfant et de l’adulte

RangRubriqueIntituléDescriptif
DéfinitionDéfinition de la détresse et de l’insuffisance respiratoire aiguë*Détresse = définition clinique IRA = anomalies gazométriques (PaO2, PaCO2)
DéfinitionCritères de diagnostic, variations avec l’âge*
Éléments physiopathologiquesPrincipes physiopathologiques de l’hypoxémie*Anomalies ventilation/perfusion, effet shunt, trouble de la diffusion, diminution de la PAO2
Éléments physiopathologiquesAnomalies de la pompe ventilatoire*Atteinte médullaire, nerveuse périphérique, musculaire, compliance thoracopulmonaire, TVO
Éléments physiopathologiquesÉléments physiopathologiques du SDRA et causes principales, maladie des membranes hyalines du nouveau-né*Lésions de la membrane alvéolocapillaire
Identifier une urgenceReconnaître les signes de gravité cliniques et gazométriques*Reconnaître et savoir recueillir les anomalies de la FR, une désaturation, une cyanose, des signes de tirage, un balancement, des signes en faveur d’une hypercapnie (sueurs, signes cardiovasculaires, encéphalopathie), bradypnée asphyxique Connaître les critères gazométriques de gravité
Identifier une urgenceSavoir reconnaître les signes de détresse respiratoires suite à l’inhalation d’un corps étranger chez l’enfant et chez l’adulte, ou en cas d’épiglottite de l’enfant et de l’adulte*Corps étranger (syndrome de pénétration…, sémiologie selon l’âge)
Diagnostic positifSavoir rechercher les éléments d’orientation clinique et anamnestique devant une insuffisance respiratoire aiguë chez l’adulte et l’enfant*Décompensation de BPCO, OAP, EP, PNP, asthme, bronchiolites, pathologies des voies aériennes supérieures
Examens complémentairesConnaître la stratégie d’investigations à visée étiologique pour les hypothèses fréquentes (décompensation de BPCO, OAP, EP, PNP, asthme, bronchiolites, pathologies des voies aériennes supérieures)Radiographie de thorax, bilan sanguin (dont GDS artériel), ECG, place raisonnée : biomarqueurs, échocardiographie, scanner thoracique
Examens complémentairesConnaître l’indication des examens d’imagerie devant un corps étranger bronchiqueRadiographie du thorax en inspiration/expiration en première intention, pas d’indication de scanner en première intention
Examens complémentairesConnaître la stratégie d’exploration en imagerie et échographie devant une détresse respiratoire néonatale
Examens complémentairesConnaître la stratégie d’exploration en imagerie devant une détresse respiratoire du nourrisson et de l’enfant
Contenu multimédiaSavoir reconnaître un OAP sur une radiographie du thoraxCardiomégalie, épanchement pleural souvent bilatéral et symétrique, redistribution vasculaire vers les sommets, signes d’atteinte interstitielle (lignes de Kerley B) ou alvéolaire (opacités alvéolaires bilatérales à prédominance périhilaire)
Contenu multimédiaSavoir reconnaître une pneumonie sur une radiographie du thorax
ÉtiologieConnaître les étiologies à l’origine de la détresse respiratoire aiguë du nourrisson et de l’enfantCorps étranger, bronchiolite, laryngite, épiglottite, asthme, malformation, pneumothorax, pneumomédiastin, insuffisance cardiaque aiguë, pleurésie, maladie neuromusculaire, laryngomalacie, paralysies, laryngées, sténoses sous-glottiques
ÉtiologieSavoir reconnaître les causes les plus fréquentes chez l’adulteOAP, exacerbation de BPCO, crise d’asthme, pneumonie, embolie pulmonaire
Identifier une urgenceConnaître les premiers gestes chez l’enfant présentant une détresse respiratoire d’origine ORL*Décrire les mesures à mettre en œuvre en urgence, dyspnée laryngée, épiglottite, bronchiolite : gestes (LVAS, position…) et manœuvres (Heimlich), mesures de surveillance immédiate, orientation du patient
Identifier une urgenceConnaître les premiers gestes chez l’adulte présentant une inhalation de corps étranger*Décrire les mesures à mettre en œuvre en urgence : gestes (LVAS, position…) et manœuvres (Heimlich), mesures de surveillance immédiate, orientation du patient
Prise en chargeConnaître les modalités d’oxygénation initiale*Savoir prescrire une oxygénothérapie et utiliser les moyens d’administration suivants : lunettes, masque simple, masque haute concentration, ballon autoremplisseur avec valve unidirectionnelle, connaître les limites de ces méthodes
Prise en chargeConnaître les différents moyens de la prise en charge d’un patient en insuffisance respiratoire aiguë*Connaître les grands principes des traitements symptomatiques : oxygène haut débit, PPC, VNI, ventilation invasive
Identifier une urgenceSavoir orienter en urgence un patient en détresse respiratoire aiguë pour un geste spécialisé*Connaître les indications urgentes de laryngoscopie, bronchoscopie, trachéotomie

I. Généralités

L’insuffisance respiratoire aiguë se définit par une hypoxie tissulaire liée à l’incapacité de l’appareil respiratoire à faire face aux besoins en oxygène à un instant donné.

L’insuffisance respiratoire aiguë est une urgence thérapeutique qui impose d’en déterminer rapidement la cause.

Une radiographie thoracique de face est toujours indiquée, même si certaines étiologies sont évidentes à partir des données cliniques (inhalation) ou biologiques (acidose métabolique, anémie).

Les principales causes d’insuffisance respiratoire aiguë sont résumées dans le tableau 93.1.

Tableau 93.1.  Gamme étiologique de l’insuffisance respiratoire aiguë.

Causes respiratoires  Pneumothorax
Pleurésie
Pneumopathies infectieuses
Pneumopathies aiguës non infectieuses (SDRA, hémorragie alvéolaire…)
Décompensation ou exacerbation de pneumopathies chroniques (BPCO, asthme, mucoviscidose, fibrose pulmonaire…)
Inhalation de corps étranger
Causes tumorales (tumeur trachéale, syndrome cave supérieur, lymphangite ou miliaire carcinomateuse…)
Causes traumatiques (volet costal, contusion ou lacération pulmonaire)
Causes cardiovasculaires  Embolie pulmonaire aiguë
Œdème aigu du poumon
Hypertension artérielle pulmonaire
Épanchement péricardique
Autres causes (rares)  Causes ORL (œdème de Quincke, épiglottite, tumeur laryngée…)
Causes neuromusculaires (lésion médullaire haute, AVC bulbaire, paralysie du nerf phrénique, hernie diaphragmatique, myasthénie, myopathie…)
Causes métaboliques (anémie, acidose métabolique)

II. Stratégie d’exploration en imagerie

 La radiographie thoracique en urgence est obligatoire et constitue un élément essentiel de l’orientation étiologique.

Après élimination d’un pneumothorax ou d’un épanchement pleural compressif, c’est l’analyse du parenchyme pulmonaire qui permet d’orienter le diagnostic :

  • la présence d’opacités pulmonaires oriente vers un œdème pulmonaire (cardiogénique ou lésionnel) ou vers une pneumopathie infectieuse ;
  • l’absence d’opacité dans les champs pulmonaires peut être en rapport avec des causes diverses : embolie pulmonaire, asthme aigu grave, décompensation d’une BPCO, pathologie neuromusculaire, etc.

 En cas de radiographie douteuse et si une embolie pulmonaire n’est pas suspectée, un scanner thoracique sans injection peut permettre de préciser l’atteinte du parenchyme pulmonaire.

Suspicion d’embolie pulmonaire

En cas de suspicion d’embolie pulmonaire, l’angioscanner des artères pulmonaires est, parmi les modalités radiologiques, l’examen de première intention.

Au préalable, il faut s’assurer que le patient n’ait pas en œdème aigu du poumon (OAP), car l’injection de produit de contraste iodé hyperosmolaire peut aggraver la surcharge cardiogénique.

III. Sémiologie

A. Radiographie thoracique

En cas d’OAP, la radiographie montre une cardiomégalie, un épanchement pleural souvent bilatéral et symétrique, une redistribution vasculaire vers les sommets et des signes d’atteinte interstitielle (lignes de Kerley de type B) ou alvéolaire (opacités alvéolaires bilatérales à prédominance périhilaire) (figure 93.1). Dans l’œdème pulmonaire lésionnel, la silhouette cardiaque est généralement normale et les opacités pulmonaires souvent plus périphériques.

Fig. 93.1.  Radiographie thoracique.

(A) Radiographie de thorax de face en position debout. Œdème pulmonaire  cardiogénique associant un élargissement de la silhouette cardiaque et des lignes de Kerley de type B (flèches). (B) Radiographie de thorax de face en position couchée (autre patient). Œdème pulmonaire cardiogénique sévère associant un élargissement de la silhouette cardiaque, un épanchement pleural bilatéral (opacités basales à limites floues, effacement des culs-de-sac, épaississement de la petite scissure) et des opacités alvéolo-interstitielles bilatérales à prédominance péri-hilaire.

Source : CERF, CNEBMN, 2022.

B. Tomodensitométrie

Le scanner thoracique n’est normalement pas indiqué dans l’OAP cardiogénique typique car il montre les mêmes signes que sur la radiographie : épaississement péri-broncho-vasculaire, lignes septales (équivalent des lignes de Kerley), plages de « verre dépoli » ou de condensation parenchymateuse à prédominance péri-hilaire (figures 93.2 et 93.3).

Fig. 93.2.  Scanner thoracique.

Œdème pulmonaire cardiogénique. Cette coupe permet d’objectiver, outre la cardiomégalie, les signes d’œdème interstitiel : lignes septales (1), infiltration des scissures (2) et épanchement pleural bilatéral (3).

Source : CERF, CNEBMN, 2022.

Fig. 93.3.  Scanner thoracique.

Œdème pulmonaire non cardiogénique dans le cadre d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA). Opacités postérieures bilatérales qui correspondent non pas à de l’épanchement pleural mais à des condensations parenchymateuses déclives. Les régions antérieures et moyennes restent aérées malgré des plages de « verre dépoli » assez importantes.

Source : CERF, CNEBMN, 2022.

  • Une radiographie thoracique de face est toujours indiquée devant une insuffisance respiratoire aiguë.
  • En cas de suspicion d’embolie pulmonaire, un angioscanner des artères pulmonaires doit être réalisé.