Plan de chapitre
ITEM 129 – Arthrose
I. Généralités
II. Stratégie d’exploration en imagerie
III. Sémiologie
IV. Formes particulières
– A. Épaule
– B. Mains et poignets
– C. Rachis
– D. Hanche
– E. Genou
Situations de départ
- 35 Douleur chronique.
- 36 Douleur de la région lombaire.
- 56 Raideur articulaire.
- 66 Apparition d’une difficulté à la marche.
- 67 Douleurs articulaires.
- 68 Boiterie.
- 70 Déformation articulaire.
- 71 Douleur d’un membre (supérieur ou inférieur).
- 72 Douleur du rachis (cervical, dorsal ou lombaire).
- 228 Découverte d’une anomalie osseuse et articulaire à l’examen d’imagerie médicale.
Item, hiérarchisation des connaissances
ITEM 129 – Arthrose
Rang | Rubrique | Intitulé | Descriptif |
Définition | Définition générale de l’arthrose, principales localisations* | Connaître la définition tissulaire de l’arthrose (maladie du cartilage puis des autres tissus articulaires) ; Localisations arthrosiques, association à la sédentarité et maladies cardiovasculaires | |
Prévalence, épidémiologie | Prévalence de l’arthrose* | Prévalence globale de l’arthrose | |
Prévalence, épidémiologie | Épidémiologie des localisations arthrosiques* | Connaître les prévalences des principales localisations arthrosiques (hanche, genou et mains) | |
Éléments physiopathologiques | Connaître la physiopathologie de l’arthrose* | Notion de base sur la composition du cartilage normal Déséquilibre formation/destruction du cartilage arthrosique, inflammation articulaire de bas grade Mécanismes de la douleur arthrosique | |
Étiologie | Principaux facteurs de risque de l’arthrose* | Connaître les facteurs de risque principaux d’arthrose (obésité, âge, traumatisme) et les phénotypes cliniques | |
Étiologie | Étiologie des arthroses secondaires et génétiques* | Connaître les causes d’arthrose secondaires Connaître l’existence des arthroses génétiques liées à des maladies génétiques rares | |
Diagnostic positif | Diagnostic d’une coxarthrose, d’une gonarthrose ou d’une arthrose digitale* | Savoir quand évoquer ces diagnostics d’arthrose, connaître l’examen clinique de chaque localisation (topographie, horaire des douleurs, examen physique, retentissement fonctionnel avec indice de Lequesne) | |
Diagnostic positif | Diagnostic différentiel des principales localisations arthrosiques : coxarthrose, gonarthrose, arthrose digitale* | Connaître les diagnostics différentiels de chaque localisation d’arthrose et comment les rechercher cliniquement | |
Examens complémentaires | Arthrose : indication de l’imagerie : coxarthrose, gonarthrose, arthrose digitale | Connaître les indications d’imagerie devant une suspicion d’arthrose | |
Examens complémentaires | Connaître la sémiologie générale en radiographie de l’arthrose : coxarthrose, gonarthrose, arthrose digitale | ||
Contenu multimédia | Exemple de radiographie de coxarthrose | ||
Contenu multimédia | Exemple de radiographie de gonarthrose | ||
Contenu multimédia | Exemple de radiographie d’arthrose des articulations interphalangiennes distales | ||
Examens complémentaires | Connaître la sémiologie particulière en radiographie de l’arthrose en fonction des différentes localisations | Localisations arthrosiques, association à la sédentarité et maladies cardiovasculaires des mains et des poignets, de la colonne cervicale, de la colonne lombaire | |
Diagnostic positif | Diagnostics différentiels d’arthrose | Connaître les diagnostics différentiels de chaque localisation d’arthrose et comment les éliminer (IRM pour la hanche et le genou) | |
Suivi et/ou pronostic | Savoir évaluer une arthrose* | Connaître les noms des questionnaires dédiés à l’évaluation de l’arthrose symptomatique (WOMAC, KOOS) | |
Examens complémentaires | Résultats sanguins et analyse du liquide articulaire de l’arthrose* | Savoir qu’il n’y a pas de syndrome inflammatoire biologique dans l’arthrose primitive et que le liquide est mécanique, stérile, sans microcristaux | |
Diagnostic positif | Arthropathie destructrice rapide : coxarthrose, gonarthrose | Connaître la définition d’une CDR, son évolution et savoir la rechercher et la diagnostiquer Gonarthrose destructrice rapide, son évolution et savoir la rechercher et la diagnostiquer | |
Diagnostic positif | Arthrose digitale érosive | Connaître la définition d’une arthrose digitale érosive, son évolution et savoir la rechercher et la diagnostiquer | |
Diagnostic positif | Coxarthroses et gonarthroses secondaires* | Connaître les principales causes de coxarthroses et gonarthroses secondaires | |
Prise en charge | Connaître les principes du traitement de la coxarthrose, gonarthrose et arthrose digitale* | Connaître les principes de traitement médical pharmacologique et non pharmacologique de chaque localisation arthrosique | |
Diagnostic positif | Arthrose de l’épaule | Savoir diagnostiquer une arthrose de l’épaule |
I. Généralités

L’arthrose est une atteinte articulaire dégénérative liée à une usure prématurée du cartilage articulaire. L’arthrose est le plus souvent primitive. Elle peut être secondaire à un vice architectural (dysplasie coxofémorale, genu varum…) ou à toute pathologie affectant la surface articulaire (traumatisme, microcristaux, etc.).
L’arthrose peut toucher toutes les articulations mais les articulations portantes (rachis, hanche, genou) et les mains sont préférentiellement atteintes.
II. Stratégie d’exploration en imagerie
Le but de l’imagerie est de confirmer le diagnostic clinique d’arthrose et de rechercher des complications (par exemple, une compression médullaire ou radiculaire par une sténose canalaire).
L’examen de référence et de première intention est la radiographie standard, quelle que soit l’articulation concernée.
La recherche de lésions cartilagineuses non visibles en radiographie nécessite la réalisation d’un examen avec injection intra-articulaire de produit de contraste (arthroscanner ou arthro-IRM) ou une IRM. En effet, le pincement articulaire apparaît relativement tardivement sur les radiographies standards, alors que les lésions cartilagineuses sont déjà avancées. L’arthroscanner ou l’IRM sont des examens de seconde intention indiqués dans le bilan préopératoire ou en cas de discordance radioclinique.
Sur le rachis, la recherche d’une complication radiculaire doit être explorée par scanner ou IRM. Une complication médullaire ou une myélopathie cervicarthrosique doivent être explorées en IRM.

La scintigraphie (demandée après avis spécialisé) est un examen exhaustif de l’ensemble du squelette permettant de rechercher les sites le plus souvent touchés (articulations porteuses, rachis). L’imagerie hybride (TEMP-TDM) permet de confirmer le caractère évolutif des lésions retrouvées en radiographie standard (cf. infra figure 76.4).
III. Sémiologie

L’examen de référence est la radiographie standard, qui montre quatre signes cardinaux (figures 76.1 à 76.4) :
- un pincement focal de l’interligne articulaire (en zone de contrainte mécanique maximale) ;
- une condensation/ostéosclérose de l’os sous-chondral (en zone de contrainte mécanique maximale) ;
- des géodes sous-chondrales (en zone de contrainte mécanique maximale) ;
- des ostéophytes.


Fig. 76.1. Arthrose des articulations interphalangiennes distales.
Radiographie de face montrant les pincements articulaires (têtes de flèche) avec ostéophytes, donnant un aspect en « aile de mouette », et géodes sous-chondrales.
Source : CERF, CNEBMN, 2022.


Fig. 76.2. Coxarthrose droite.
Radiographie de face de la hanche droite montrant le pincement articulaire supérieur (flèches) avec des ostéophytes périfovéal (tête de flèche), des géodes sous-chondrales (étoile) et une osteosclérose sous-chondrale de la tête fémorale et de l’acétabulum (flèche).
Source : CERF, CNEBMN, 2022.


Fig. 76.3. Discarthrose cervicale.
Radiographie de profil du rachis cervical (A) montrant une diminution des espaces intersomatiques (étoiles), des ostéophytes (têtes de flèche) et un pincement des interlignes articulaires postérieurs (flèche). Myélopathie cervicarthrosique (B) : IRM du rachis cervical en pondération T2 dans un plan sagittal montrant des débords discaux (têtes de flèche) responsables d’un rétrécissement du canal cervical avec signes de souffrance médullaire (hypersignal T2 central, flèche pleine).
Source : CERF, CNEBMN, 2022.


Fig. 76.4. Coxarthrose.
Scintigraphie osseuse TEMP-TDM (coupe coronale centrée sur la hanche droite) montrant une hyperfixation en regard de la hanche droite douloureuse.
Source : CERF, CNEBMN, 2022.
IV. Formes particulières
A. Épaule

L’omarthrose excentrée est l’étiologie la plus fréquente. Elle est la conséquence d’une rupture massive de la coiffe des rotateurs, entraînant une ascension de la tête humérale (visible par une diminution de l’espace sous-acromial) par rapport à la glène et une usure prématurée de l’articulation.
B. Mains et poignets
Sur les mains et les poignets, l’arthrose siège le plus souvent aux articulations interphalangiennes distales (IPD) (cf. figure 76.1), à l’articulation trapézométacarpienne du pouce (rhizarthrose) et, plus rarement, aux articulations interphalangiennes proximales (IPP).
C. Rachis
Sur le rachis cervical, l’arthrose appelée cervicarthrose associe des atteintes discovertébrales (discarthrose), des articulations latérales (arthrose zygapophysaire) et des uncus (uncarthrose). Elle prédomine sur les disques inférieurs : C5-C6 et C6-C7. La myélopathie cervicarthrosique est une souffrance médullaire induite par un rétrécissement du canal vertébral d’origine dégénérative (cf. figure 76.3). Les ostéophytes peuvent également faire saillie dans le foramen intervertébral et être à l’origine d’un conflit avec les racines cervicales, entraînant une névralgie cervicobrachiale.
Sur le rachis lombaire, les remaniements dégénératifs, notamment les ostéophytes postérieurs et l’affaissement du disque intervertébral (discarthrose), peuvent entraîner des compressions radiculaires.
D. Hanche
Sur la hanche, les radiographies standards recherchent des facteurs prédisposants, c’est-à-dire des vices architecturaux comme une dysplasie ou une subluxation congénitale (présente dans 30 % des cas), une protrusion acétabulaire, une coxa vara, valga ou retrosa, ou des séquelles post-traumatiques. Le pincement articulaire est le plus souvent supérolatéral (zone de contrainte maximale) et est bien analysé sur un cliché du bassin de face en charge (cf. figure 76.2). Le faux profil de Lequesne permet d’explorer la partie postérieure et inférieure de l’interligne articulaire. Les principaux diagnostics différentiels sont l’ostéonécrose systémique, la fracture par insuffisance osseuse et la pathologie tendineuse abarticulaire comme la tendinopathie du moyen fessier. En seconde intention, l’IRM permet de confirmer le diagnostic. La coxarthrose destructrice rapide correspond à une forme sévère et inflammatoire de coxarthrose ; elle se définit radiographiquement par un pincement de l’interligne évoluant d’au moins 2 mm par an (ou au moins de 50 % par an), avec par conséquent une chondrolyse complète en moins de 2 ans.
E. Genou
L’arthrose intéresse le plus fréquemment le compartiment fémorotibial médial. Les principaux diagnostics différentiels sont l’ostéonécrose systémique, la fracture par insuffisance osseuse et les lésions méniscales dégénératives. En seconde intention, l’IRM permet de confirmer le diagnostic.

Le cliché en schuss est essentiel pour détecter plus précocement un pincement articulaire.
Points clés
- Le but de l’imagerie est de confirmer le diagnostic clinique d’arthrose et d’en rechercher les complications.
- L’examen de référence est la radiographie standard.
- Les signes cardinaux sur la radiographie sont : le pincement focal de l’interligne, la condensation de l’os sous-chondral, les géodes sous-chondrales et les ostéophytes.