Plan de chapitre

ITEM 198 – Arthropathie microcristalline

I. Généralités

II. Stratégie d’exploration en imagerie

III. Sémiologie

– A. Chondrocalcinose

– B. Rhumatisme à hydroxyapatite

– C. Goutte

Situations de départ

  • 56 Raideur articulaire.
  • 67 Douleurs articulaires.
  • 70 Déformation articulaire.
  • 71 Douleur d’un membre (supérieur ou inférieur).
  • 72 Douleur du rachis (cervical, dorsal ou lombaire).
  • 228 Découverte d’une anomalie osseuse et articulaire à l’examen d’imagerie médicale.

Item, hiérarchisation des connaissances

ITEM 198 – Arthropathie microcristalline

RangRubriqueIntituléDescriptif
DéfinitionConnaître les trois principaux microcristaux impliqués en pathologie humaine*Cristaux d’urate de sodium dans la goutte, cristaux de pyrophosphate de calcium dans le rhumatisme à pyrophosphate, cristaux d’apatite dans les tendinopathies calcifiantes ou autres calcinoses
DéfinitionConnaître la valeur seuil de l’hyperuricémie*360 μmol/l ou 60 mg/l
Éléments physiopathologiquesRéaction inflammatoire aiguë et phénomène de cristallisation*
Contenu multimédiaRadiographie de poignet : calcification du ligament triangulaire du carpe
Contenu multimédiaRadiographie du genou : calcification méniscale, calcification cartilagineuse
Contenu multimédiaRadiographie de bassin : calcifications de la symphyse pubienne et des cartilages fémoraux
Prévalence, épidémiologiePrévalence de la goutte en France*Supérieure à celle des rhumatismes inflammatoires courants (PR, Rpso, SPA) : 0,9 %
Diagnostic positifConnaître la description d’un accès aigu microcristallin*Stéréotypée : pied et base du gros orteil, survenue nocturne, brutale, rapide d’une douleur > 7/10, délai de survenue < 24 heures, rougeur, impotence, et résolution spontanée en 7–10 jours
Prévalence, épidémiologieConnaître le terrain, les comorbidités et les facteurs déclenchants d’une crise de goutte*Infection, traumatisme, repas riche en graisses, déshydratation, iatrogénie (diurétique)
Diagnostic positifDiagnostiquer une crise de goutte, identifier les situations nécessitant un avis spécialiséTerrain, sémiologie, signes généraux, comorbidités, hyperuricémie
Identifier une urgenceExclure une arthrite septiqueIndication d’une ponction du liquide articulaire
Diagnostic positifConnaître les formes polyarticulaires ou oligoarticulaires*Chez un goutteux connu
Diagnostic positifConnaître les caractéristiques d’un liquide inflammatoire*
Contenu multimédiaTophus cliniquement décelable (typique)*Hélix, pulpe du doigt, orteil
Examens complémentairesConnaître les deux examens biologiques indispensables à visée diagnostique dans la goutte*Uricémie, estimation du débit de filtration glomérulaire (MDRD ou CKD-EPI)
Suivi et/ou pronosticConnaître le risque de surmortalité de la goutte non traitée*Courbe en U
Diagnostic positifConnaître les différences de terrain entre goutte, PPCa et calcification apatitique*Homme, sujet âgé, femme jeune
Prise en chargeConnaître les principes de prise en charge d’une crise aiguë de goutte*Information, éducation, conseils nutritionnels, traitement de la crise de goutte, traitement hypo-uricémiant
Prise en chargeConnaître les règles hygiénodiététiques et les principes des traitements hypo-uricémiants*Faible dose initiale, augmentation mensuelle progressive, treat-to-target, cible d’uricémie < 60 mg/l (50 mg/l si tophus)
Suivi et/ou pronosticConnaître les formes sévères de goutte*Fréquence des accès, tophus, arthropathies chroniques, comorbidités
ÉtiologieConnaître les deux principales affections associées aux dépôts de PPCa*Hémochromatose et hyperparathyroïdie primaire
Prise en chargeConnaître les principes de traitement d’un accès aigu à cristaux de pyrophosphate de calcium*Même traitement qu’un accès goutteux ; posologie adaptée au sujet plus âgé
Prise en chargeConnaître les principes de traitement d’un accès aigu à cristaux d’hydroxyapatite*  

I. Généralités

Les arthropathies microcristallines sont secondaires à des dépôts intra-articulaires (synoviale, cartilage, ménisques) ou péri-articulaires (tendons, ligaments) de microcristaux :

  • cristaux d’urate de sodium responsables de la goutte ;
  • cristaux calciques de type pyrophosphate de calcium responsables de la chondrocalcinose ;
  • cristaux de phosphate de calcium responsables du rhumatisme à hydroxyapatite.

Souvent asymptomatiques, elles se manifestent comme des arthropathies chroniques pouvant évoluer vers l’arthrose. L’enjeu est de reconnaître les accès aigus dont le diagnostic différentiel principal est l’arthrite septique.

II. Stratégie d’exploration en imagerie

L’examen de référence est la radiographie standard. Elle peut montrer les dépôts de microcristaux intra- ou péri-articulaires. Leur forme et leur distribution permettent d’évoquer le cristal impliqué.

III. Sémiologie

A. Chondrocalcinose

  •   Calcifications cartilagineuses le plus souvent linéaires (figure 75.1).
  • Atteinte fréquente des fibrocartilages (ménisque, ligament triangulaire du poignet, symphyse pubienne).

Fig. 75.1  Chondrocalcinose.

Radiographies du genou de face montrant des calcifications caractéristiques des ménisques et du cartilage (têtes de flèche) (A), du poignet de face montrant des calcifications du ligament triangulaire (tête de flèche) (B), et du fibrocartilage de la symphyse pubienne (tête de flèche) (C).

Source : CERF, CNEBMN, 2022.

B. Rhumatisme à hydroxyapatite

  •  Calcifications plus floconneuses que dans la chondrocalcinose.
  •  Atteinte souvent péri-articulaire dans les tendons (tendons de la coiffe des rotateurs de l’épaule surtout).
  • Tableau clinique : épaule hyperalgique, pseudo-paralytique lors d’une poussée aiguë secondaire aux mécanismes de résorption des calcifications.

C. Goutte

  •  Atteinte typique de la 1re articulation métatarsophalangienne.
  • Dépôts denses, en amas, des tissus mous appelés « tophus ».
  •  Érosions para-articulaires, à distance de l’interligne, avec aspect en « hallebarde » (figure 75.2).

Fig. 75.2  Goutte.

Radiographie du pied droit de face montrant des érosions para-articulaires avec aspect en « hallebarde » (flèches) et des tophus péri-articulaires sous forme de dépôts denses en amas des parties molles (étoiles). L’interligne articulaire est préservé.

Source : CERF, CNEBMN, 2022.

  • L’examen de référence est la radiographie standard.
  • L’analyse de la forme et de la distribution des dépôts permet d’évoquer le cristal impliqué.